Des bienfaits qui s’étendent au-delà de l’intestin : lerôle des probiotiques dans l’amélioration de l’infertilité chez l’homme et la femme
Le lien entre dysbiose et infertilité
Le microbiome, qui se compose de millions de microorganismes, joue un rôle important dans la santé reproductive. On l’observe dans le sperme et dans l’ensemble de l’appareil reproducteur chez la femme. Ces microorganismes contribuent au maintien d’un équilibre écologique dans l’appareil reproducteur et favorisent la fertilité et la bonne santé de l’hôte.2
La dysbiose désigne la réduction de la diversité microbienne et la combinaison de la perte de bactéries bénéfiques et de l’augmentation des bactéries pathogènes. Dysbiose dans l’appareil reproducteur peut entraîner un dysfonctionnement du système reproducteur, des maladies physiologiques associées et des issues défavorables de la grossesse.2
Plusieurs études cliniques ont suggéré que le microbiote intestinal joue un rôle important dans le maintien d’un état sain de l’appareil reproducteur et dans le développement de certaines maladies associées.2
L’infertilité chez les hommes est liée à des taux insuffisants de testostérone et d’autres hormones sexuelles, à une augmentation des réactions inflammatoires et au stress oxydatif. La dysbiose chez les hommes peut entraîner de nombreuses maladies inflammatoires telles que l’épididymite, l’orchite, la prostatite, une baisse de la fertilité et une qualité de sperme inférieure.3
La biodiversité du microbiote dans l’appareil reproducteur est très dynamique chez les femmes et dépend de plusieurs facteurs, notamment les changements hormonaux qui surviennent à différentes étapes du cycle reproductif.3
Une baisse du taux d’œstrogènes et une augmentation du pH autour de la période menstruelle sont susceptibles de modifier l’équilibre et de provoquer une dysbiose. Ces facteurs peuvent réduire la population de lactobacilles et favoriser la croissance de microorganismes opportunistes et pathogènes. La vaginose bactérienne est le type le plus courant de dysbiose vaginale pouvant entraîner des complications gynécologiques, notamment une naissance prématurée spontanée, un avortement et une endométrite. La dysbiose du microbiome endométrial est responsable de complications gynécologiques, notamment l’endométriose chronique, les saignements endométriaux dysfonctionnels, les polypes endométriaux, le cancer de l’endomètre et les accouchements prématurés.3
Avantages de la supplémentation alimentaire en probiotiques dans le traitement de l’infertilité
L’administration de microorganismes vivants sous forme de probiotiques peut contribuer au maintien de la santé reproductive chez les hommes et les femmes. Des études cliniques menées avec des probiotiques ont démontré que les espèces de Lactobacillus (L. fermentum, L. reuteri RC-14, L. gasseri, L. casei, L. rhamnosus, L. crispatus, L. acidophilus et L. salivarius), les espèces de Bifidobacterium et celles de Bacillus sont bénéfiques pour modérer la dysbiose liée à la fertilité.3,4,5
Les données montrent que les probiotiques peuvent améliorer la fertilité masculine en augmentant le taux de testostérone, en affaiblissant les réponses inflammatoires et en inversant les effets néfastes du stress oxydatif. La supplémentation en probiotiques aurait des effets positifs sur la performance testiculaire et la qualité du sperme. Les probiotiques, seuls ou en association avec d’autres traitements, améliorent l’infertilité due à l’âge, à l’obésité, au dysfonctionnement de la prostate, à l’environnement, au stress physiologique et à l’infertilité idiopathique.3
Dans une étude menée auprès de 21 patients masculins atteints d’asthénozoospermie idiopathique, l’administration de 2 × 1011 UFC de Lactobacillus casei, Lactobacillus bulgaricus, Lactobacillus rhamnosus, Lactobacillus acidophilus, Bifidobacterium longum, Bifidobacterium breveet Streptococcus thermophilus a entraîné une amélioration des niveaux de testostérone, du volume d’éjaculation, de la concentration spermatique et du pourcentage de spermatozoïdes mobiles.3
Avantages de la supplémentation alimentaire en probiotiques dans le traitement de l’infertilité chez la femme
Les suppléments probiotiques peuvent modifier la composition du microbiote intestinal et réguler le métabolisme chez les femmes. Ces derniers peuvent influencer la configuration du microbiome, l’intégrité des biofilms et la réponse immunitaire. Les probiotiques peuvent également agir en modifiant la composition du microbiote vaginal, ce qui permet d’équilibrer l’écologie microbienne et d’améliorer la santé reproductive. Tout comme les probiotiques utilisés dans le traitement de l’infertilité masculine, les espèces Lactobacillus, Bifidobacterium et Bacillus sont les probiotiques les plus adaptés pour modifier positivement la dysbiose de l’appareil reproducteur.3
Des preuves scientifiques confirment le rôle potentiel des probiotiques dans les cas d’infertilité ainsi que dans les troubles hormonaux, tels que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Dans une étude menée par Zhang et coll. (2019), l’administration de 1 × 106 UFC/jour de Bifidobacterium lactis V9 pendant 10 semaines à des patientes atteintes du SOPK a eu un effet positif sur la modulation des taux d’hormones sexuelles et la régulation des hormones LH et LH/FSH par l’intermédiaire de l’axe intestin-cerveau. Anukam et coll. (2009) ont mené une étude auprès de 59 femmes souffrant de dysbiose vaginale auxquelles on a administré 5 × 109 UFC/jour de Lactobacillus rhamnosus GR-1 et Lactobacillus reuteri RC-14 pendant 24 semaines. L’administration de probiotiques a permis de rétablir la flore vaginale normale, un pH acide et une diminution des récidives de vulvo-vaginite lors d’une utilisation à long terme.3
Des études récentes suggèrent que le microbiote intestinal pourrait être un facteur pathogène potentiel dans le développement du SOPK, ce qui expliquerait pourquoi l’utilisation de probiotiques pourrait constituer une intervention nutritionnelle pour aider à prévenir ou à gérer ce syndrome. Une méta-analyse réalisée en 2020 a conclu que les synbiotiques et les probiotiques peuvent améliorer les indices hormonaux et inflammatoires chez cette population. Ces indices inflammatoires contribuent généralement à une altération de la tolérance au glucose, de la sensibilité à l’insuline et à d’autres complications. L’administration de synbiotiques et de probiotiques peut moduler la glucotoxicité et gérer les complications physiopathologiques associées au SOPK.5
Les interventions à base de probiotiques indiquent une amélioration efficace de l’infertilité chez l’homme et la femme. D’autres recherches pourraient aider à mieux comprendre les possibilités supplémentaires qu’offrent les probiotiques pour la santé reproductive et la descendance.2,3,6
Références :
- Infertilité. Accessible à l’adresse : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/infertility. Consulté le 30 mai 2022.
- Feng T, Liu Y. Microorganisms in the reproductive system and probiotic’s regulatory effects on reproductive health. Computational and Structural Biotechnology Journal. 20 mars 2022;1541–1554.
- Hashem NM, Gonzalez-Bulnes A. The Use of Probiotics for Management and Improvement of Reproductive Eubiosis and Function. Nutrients. 21 février 2022;14(4):902.
- Zhang F, Dai J, Chen T. Role of Lactobacillus in Female Infertility Via Modulating Sperm Agglutination and Immobilization. Front Cell Infect Microbiol. 25 janvier 2021;10:620529. doi: 10.3389/fcimb.2020.620529.
- Kwok KO, Fries LR, Silva-Zolezzi I, Thakkar SK, Iroz A, Blanchard C. Effects of Probiotic Intervention on Markers of Inflammation and Health Outcomes in Women of Reproductive Age and Their Children. Front Nutr. 2022;9:889040. Publié le 6 juin 2022. doi:10.3389/fnut.2022.889040
- López-Moreno A, Aguilera M. Probiotics dietary supplementation for modulating endocrine and fertility microbiota dysbiosis. Nutrients. Mars 2020;12(3):757.